CHRIXCEL, auteure et blogueuse d’images Street Art

Pourriez-vous vous présenter en quelques mots ?

Je m’appelle CHRIXCEL, c’est un pseudonyme qui me sert en tant que photographe, mais aussi en tant qu’auteure. Je me passionne pour l’art urbain depuis 2007. J’ai travaillé régulièrement avec Critères Éditions entre 2011 et 2017. Dans la collection Urbanité, j’ai signé notamment les textes de“Vanités Urbaines, projet dont je suis à l’origine, illustrés d’une trentaine de mes photos. J’ai écrit les « opus » des street artistes Ender, Nosbé, Žilda, Mr. Lolo, Monkey Bird et Mademoiselle Maurice. Mon premier livre, “40 street-artistes au carré” (Ed. Kawa, 2011), mêle poésie, Flashcodes et illustrations en noir et blanc. Mon dernier ouvrage, “Le bestiaire fantastique du Street Art” (éd. Alternatives), co-écrit avec l’artiste Codex Urbanus, paraîtra début octobre 2018. En parallèle, j’occupe le poste d’assistante de direction chez L’Oréal au sein du pôle Recherche et Innovation. J’ai toujours occupé des postes d’assistante afin de pouvoir consacrer du temps à ma passion, le Street Art. Je travaille avec la galerie Mathgoth et le Cabinet d’Amateur pour la rédaction des textes de présentation de leurs expositions.

Comment avez-vous commencé à écrire sur le Street Art ?

J’ai commencé un peu par hasard. En 2007, j’ai découvert le travail du photographe Francis Beddok de façon virtuelle. Il tenait un blog sur la photographie de rue, qu’il a arrêté en 2018. Nous nous sommes rencontrés, il m’a fait découvrir Miss Tic et j’ai adoré ! Nous avons monté un collectif de photographes, qui sillonnaient tout Belleville en quête d’oeuvres Street Art. Puis, nous avons eu envie de sortir de Paris ; nous avons commencé par explorer l’usine désaffectée de Palaiseau, lieu phare du graffiti dans le 91, aujourd’hui rasée. C’est là que j’ai découvert le graffiti en friches et l’Urbex.

L’Urbex, de quoi s’agit-il ?

Urbex, c’est la contraction de Urban Exploration. C’est une discipline très prisée des photographes. Je fais des expéditions avec des graffeurs ; je les accompagne et nous explorons ensemble des lieux. En 2011, j’ai traversé la région de la Ruhr en Allemagne avec Rero (photos ci-dessous), Saïr et Repaze.

J’ai récemment exploré un château abandonné en région parisienne, dont l’accès est interdit au grand public (photos ci-dessous). J’aime beaucoup cette pratique car elle offre une vraie contextualisation à l’art. Je vais également régulièrement visiter les catacombes et admirer les oeuvres de Psychose et Jérôme Mesnager, grands peintres des catacombes. Je travaille toujours avec un Reflex et pars en expédition presque tous les week-ends pour prendre mes photos. Je vais partout où le graffiti va !

Comment êtes-vous passée à la rédaction de livres ?

En 2011, j’ai été sollicitée par Henri Kaufman, président du Miss Tic fan club. À ce moment-là, je tenais un blog dans lequel je publiais des poèmes. Il m’a proposé d’écrire le livre “40 street-artistes au carré”. Son projet était alors de proposer à une quarantaine d’artistes d’intervenir dans des illustrations en mettant un Flashcode qui mènerait vers leurs sites, pages Flickr, etc. La démarche m’a beaucoup plu : écrire à partir d’oeuvres Street Art ou voir mes poèmes magnifiquement illustrés par des artistes.

Depuis, j’ai rédigé plusieurs ouvrages pour la collection Opus Délits des éditions Critères.  J’ai travaillé sur Ender, Nosbé et Žilda. En 2015, j’ai eu envie d’écrire un livre sur les vanités. J’étais  interpellée par la présence de têtes de mort dans notre quotidien. Je me demandais pourquoi elles étaient aussi présentes dans l’art urbain. A l’époque, aucun livre ne traitait des vanités urbaines, mais uniquement des vanités classiques. Au lycée, j’avais suivi des cours d’histoire de l’art. C’est à ce moment que j’ai commencé à aimer l’art, et tout particulièrement le surréalisme et le symbolisme. Ce background m’a permis de parler plus facilement de ce qui se passe dans la rue et de mettre en perspective ces vanités urbaines. Je suis partie de mon propre portfolio que j’ai élargi par le biais de recherches. La confiance de Didier Levallois, directeur général chez Critères Editions, m’a permis de réaliser ce travail qui me tenait à coeur.

En 2016, j’ai eu la chance de travailler sur les singeries oisives de Monkeybird. Le duo des deux artistes Temor et Blow, originaires de Bordeaux et révélés par Nicolas Laugero-Lasserre, réalise un bestiaire de singes et d’oiseaux en noir et blanc rehaussé d’enluminures dorées.

Puis en 2017, j’ai jeté mon dévolu sur  Mademoiselle Maurice et ses créations ultra colorées autour de l’origami.

Quels sont vos projets actuels ?

Je viens de finaliser un livre intitulé “Le Bestiaire Fantastique du Street Art” aux éditions Alternatives. Ce projet a été initié par Codex Urbanus, artiste qui dessine au marqueur des chimères à main levée dans la rue. Ce livre met en lumière les oeuvres de nombreux artistes urbains : les créatures mi-animales mi-mécaniques de l’artiste Ardif, les animaux en matériaux recyclés de Bordalo II et les délires psychédéliques de Nosbé (ci-dessous).  Le livre sort le 4 octobre et une signature est prévue dans la foulée à la librairie-galerie Le Lavo//Matik, dans le 13ème arrondissement de Paris. 

J’apprécie aussi beaucoup les oeuvres de Phlegm, artiste originaire de Sheffield au Royaume-Uni, qui réalise des créatures difformes inspirées de la science-fiction avec un sens du détail inouï. Nous aurions aimé qu’il figure dans le livre, mais il est très occupé et compliqué à contacter.

Quel est votre réseau social de prédilection ?

    

Instagram, c’est à mon sens le plus exhaustif et j’aime le format carré en photographie. Je publie des séries de 9 photos, que j’appelle “nonagrams. Je suis une collectionneuse dans l’âme et donc je pense “série”. J’ai une bonne mémoire et cela me permet de retrouver facilement les photos sur un sujet précis. Les séries que je publie sur Instagram structurent mon travail et sont de véritables points de repères. J’ai publié récemment une série d’oeuvres de Philippe Herard. Ses collages, réalisés sur papier couleur kraft, reprennent les tons pastels des couleurs de la voirie. Je suis touchée par son univers assez sombre, ses personnages “marionnettes” ou ces hommes en train de couler. J’utilise également Behance pour mettre en avant mon travail d’auteure et de rédactrice.

Quels sont les blogs que vous aimez consulter ?

J’aime particulièrement le blog de Lionel Belluteau, Un oeil qui traîne. Je consulte les interviews d’artistes du site Artist Up et le site Widewalls. Je suis une grande lectrice de Spraymium qui offre une approche très pointue. Je suis impressionnée par la culture graffiti de Nicolas Gzeley, son fondateur et rédacteur en chef.

Avez-vous prévu de venir à la foire District 13 Art Fair à Drouot en septembre ?

Je compte bien me rendre à la foire District 13 Art Fair. Je connais bien Drouot car j’y vais régulièrement, notamment pour les ventes de bijoux anciens. Les collectionneurs, je pense, seront au RDV car ils sont très curieux de découvrir de nouvelles oeuvres. C’est essentiel d’amener le public vers une meilleure connaissance des oeuvres Street Art et des différents courants. Je me rends compte qu’au fil du temps mon regard s’affine…

 

Crédits photo : Chrixcel
Crédit portrait : Dominique Dasse